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Pédro Deffarges

Sculptures de rebuts, carnets de voyages et autres petites choses plastiques

 

Pédro est un sculpteur, photographe, aventurier des choses. Passant considérant, il promène ses sculptures au monde, et les y fixent. Depuis plus de dix ans, il les photographie en Asie du Sud Est, en Amérique du Nord, surtout en Europe... En y adjoignant textes et documents, il a réalisé une série de « carnets de voyage » où se voient à la fois le monde en ses aspects divers, et l’oeuvre qui le traverse, comme une étrange et familière ponctuation. C’est une série ouverte, en cours, à poursuivre. S’y combinent l’oeil du photographe, le travail du sculpteur, l’invention du voyageur, la patience et l’édition, en des oeuvres légères, intimes et amicales, qui sont des traces et des invitations. En 2010, le n° 111 de la revue Sang d’encre fut entièrement consacré à trois de ces destinations.

 

La place Marius Pinel est une place toulousaine, dans le quartier Bonhoure-Guilheméry. On y voit un kiosque à musique, une pelouse, des arbres, un boulodrome, une aire de jeux pour enfants, un espace canin, des personnes qui se promènent, des enfants. De là on voit le ciel, les nuages, les branches mouvantes des arbres, et la terre.   Rien de très singulier apparemment. Le kiosque pourtant est remarquable par les effets sonores qu’il produit quand on vient y essayer sa voix. Depuis quelques années, Yves Le Pestipon et son équipe, en font un objet et un lieu de réflexions et d’actions poétiques. Ils pensent le monde et se pensent à partir de la place Marius Pinel, sur laquelle ils ont fait de multiples articles, spectacles et conférences, par exemple au Théâtre Garonne, à la Cave Poésie, au Hangar. On en parle à Paris, au Canada, aux Etats-Unis, en Italie.  Des dizaines de personnes pratiquent ou ont pratiqué  les « pinélisations », qui consistent à apporter, rituellement, un pu de la terre de la place Marius Pinel en des lieux très divers du monde. Inversement, des éléments du monde sont ramenés place Pinel.  Il s’agit d’expérimenter poétiquement un lieu de manière à déployer sans fin en soi et pour autrui sa présence. Le passage de la sculpture de Pédro dans la place Pinel s’inscrit parmi d’autres passages, médités et parfois mis en ligne. C’est une aventure de plus en cette place qui comporte 26 numéros. Les 26 photos s’accordent avec ce nombre, qui est aussi très riche en significations ésotériques, comme, sans doute, toute chose en ce monde. Il donne ici forme à une exposition.

 

Yves Le Pestipon a déjà publié plusieurs livres où il paraît. D’autres sont en voie de publication. Cet auteur s’oublie facilement. Les textes qui accompagnent les photos prises par Pedro sur la place Pinel tentent d’évoquer ce qui se voie sur les photos : une sculpture qui représente apparemment un individu, tout troué, sur la place Pinel. L’emploi du pronom « il »  pour la désigner s’accorde à un travail mené dans plusieurs livres par Yves Le Pestipon, qui aime écrire les aventures de ce pronom s’efforçant de disparaître en ses apparitions mêmes. La série - Il était 26 fois place Pinel - est une occasion pour mettre en images des rencontres sur la place Pinel entre un chantier d’écriture, une sculpture, un oeil photographe, et une journée particulière. C’est le 26ème carnet de voyages qui s’ajoute à la série de ceux qui existent déjà. C’est un entretien de passages.